Violences sexistes : l’impensé économique

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En Bosnie-Herzégovine, les femmes qui ont échappé au féminicide doivent aussi subir d’autres formes de violences, notamment économiques. À Mostar, le refuge Žena BiH les aide à reconstruire leur vie.

Par Cloé Calame, Izabela Dominiković et Katarina Petrović

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La terrasse du café brûle au soleil mais Tea Rebac a relevé ses lunettes. Elle est catégorique : nous n’aurons pas accès au lieu que nous cherchons, le refuge de l’association de protection des femmes Žena BiH. Selon les critères définis par les ONG locales, il s’agit du seul refuge habilité du canton Herzégovine-Neretva, dans la zone de Mostar, ville touristique du sud de la Bosnie-Herzégovine. « Seules la police et l’équipe de travailleuses et travailleurs sociaux connaissent l’adresse. Pour y avoir accès, il faut signer un contrat ». C’est compliqué. C’est aussi dangereux. Si l’emplacement du refuge de Žena BiH est tenu secret, c’est parce que les femmes qu’il accueille courent toujours des risques psychologiques et physiques. Elles ont été marquées par la torture, l’humiliation ou les menaces de mort. Elles ont parfois échappé de peu au féminicide et craignent d’être retrouvées par leurs agresseurs. Dans beaucoup de cas, ces femmes sont poursuivies par leur conjoint, leur ex-conjoint ou d’autres membres de leur famille.

Tea Rebac aussi a été menacée de mort. Elle travaille au refuge comme psychothérapeute et travailleuse sociale depuis plus de sept ans. Elle fait bien plus que cela, en dépit d’un salaire modeste : conduire des pensionnaires, leur chercher un travail, leur trouver un logement… Après avoir fui les violences conjugales et familiales, ces femmes arrivent au refuge dans une grande précarité, sans avoir conscience qu’elles ont aussi été victimes de violences économiques.

Un tag derrière la grille d’un bâtiment abîmé par la guerre à Mostar. (Photo : Cloé Calame)

Avertissement : du fait de leur caractère violent, les témoignages concernant les victimes ont été volontairement singularisés du texte. L’article peut être lu avec ou sans ces témoignages, signalés par un cadre rouge. Ces témoignages ont été transformés pour anonymiser la ou les victimes à des fins de protections. Tous les protagonistes, dates ou lieux ont été modifiés.

Tant qu’il ne la bat pas

« Tant qu’elles ne sont pas battues, beaucoup de femmes ne voient pas qu’elles subissent des violences », explique Antonija Petričušić, sociologue à l’université de Zagreb, en Croatie. Parce qu’elle est directement visible sur le corps, la violence physique est la plus évidente. La sociologue insiste sur la difficulté de reconnaître l’aspect économique des violences fondées sur le genre, soit « des violences perpétrées envers une personne en raison de l’infériorité de son statut social du fait d’être une femme, ou de son rôle en tant que femme, du point de vue de l’agresseur ». L’aspect économique se matérialise en différents stratagèmes de contrôle financier, généralement mis en place par le mari ou un autre membre de la famille. Un frère, un père. En 2023, l’Institut européen pour l’Égalité des genres identifie trois formes de violences économiques. Il y a d’abord le contrôle, quand par exemple la victime donne son salaire à son partenaire qui lui redistribue ensuite de l’argent de poche. Il y a aussi l’exploitation, comme lorsque le partenaire ouvre un crédit au nom de la victime sans son consentement et enfin, le sabotage, si le partenaire persuade la victime d’arrêter ses études ou son travail.

Pour celles qui la subissent, la violence économique entraîne des conséquences visibles sur le long terme. « Les victimes sont privées de leur indépendance financière et de leur autonomie en général », explique Antonija Petričušić. « Écarter les femmes du marché du travail ou les contrôler dans leurs activités professionnelles a des conséquences. Ces femmes qui prennent en charge des rôles traditionnels à la demande de leur conjoint, comme rester à la maison et s’occuper de la famille, ne touchent pas de retraite. Souvent, elles n’ont pas d’assurance maladie ». En Bosnie-Herzégovine, le taux d’emploi des femmes dans la population active en 2020 était de 29,9%, contre 50,9% pour les hommes, selon l’Agence de statistiques du gouvernement de Bosnie-Herzégovine. En 2022, l’écart se creuse : 28,9% des femmes avaient un emploi, contre 52,1% des hommes. Concernant le taux de chômage en 2022, il était de 19,8% pour les femmes contre 12,6% pour les hommes. Dans le canton d’Herzégovine-Neretva, où est située Mostar, la situation s’est améliorée sur la période 2022-2023, où le taux d’emploi des femmes était de 40,8%. « 100% des femmes qui arrivent au refuge ont des difficultés économiques » explique Tea Rebac, mais la sociologue Antonija Petričušić insiste : « les violences économiques peuvent se produire partout et dans toutes les classes sociales ».

Pourtant, cette forme de violence semble invisible en Bosnie-Herzégovine. En premier lieu, sur les comptes bancaires. Alen Demirović, banquier à Mostar, maintient qu’à sa connaissance, en 21 ans de carrière, il n’a « jamais vu une seule femme ouvrir de compte sous la tutelle d’un autre ». Néanmoins, il ajoute qu’il n’est pas possible pour une banque de savoir précisément qui utilise le compte ni si quelqu’un d’autre le gère. Il n’existe donc pas de règle de prévention ou de transparence concernant le risque de contrôle financier. Le sujet est tabou, mais la principale raison de l’invisibilisation des violences économiques vient surtout du fait qu’elles ne sont pas perçues comme une violence. Elles sont « intériorisées comme étant le protocole de gestion du budget des familles », explique Antonija Petričušić. Les tâches de gestion financière sont parfois simplement déléguées aux hommes, les femmes se considérant elles-mêmes incapables de les réaliser. Elles sacrifient leur pouvoir et leur indépendance économique. Le manque d’éducation financière des victimes et des agresseurs contribue à maintenir l’enracinement de ces pratiques violentes dans la société. Par exemple, raconte la sociologue « dans cette partie du monde, les gens ne comprennent pas nécessairement ce que contracter un prêt implique, alors parfois, ils se font duper ».

L’aspect traditionnellement inégalitaire des sociétés patriarcales est aussi en cause : « c’est une idée courante, dans les Balkans, qu’une femme doive se sacrifier pour le bien-être de la famille ». Cette culture du sacrifice, Aldijana Trbonja-Tule l’a constatée tout au long de sa carrière de travailleuse sociale. Engagée auprès de l’Association des citoyens et citoyennes de Mostar, elle a rencontré des femmes qui ont dû donner leur argent à leur mari, rembourser leurs dettes ou « donner l’argent qu’elles gagnaient durement en s’occupant des personnes âgées, en s’occupant des enfants, en nettoyant les maisons et les établissements de commerce des autres ». Cette combinaison d’isolement, de contrôle de l’argent et de contrôle des achats se conjugue avec toutes les autres formes de violence, psychologique et physique. Aldijana Trbonja-Tule insiste : « nous ne pouvons pas isoler seulement l’aspect économique des autres formes d’emprises ».

« Rends-moi mes fringues », tagué en BCMS sur un bâtiment de Mostar. (Photo : Cloé Calame, négatif photo)

Soigner les coups avant l’indépendance

« What is love? Baby, don’t hurt me… ». Nous rêvons d’éteindre cette musique que les enceintes vomissent au beau milieu de notre conversation. Nous sommes toujours sur la terrasse d’un café de Mostar, avec Tea Rebac. Elle veut nous faire comprendre qu’avant de travailler sur l’aspect économique, l’équipe doit permettre aux victimes de se réadapter à un environnement sécurisé. Elles réapprennent les gestes du quotidiens, les contacts humains.

« Avec cette femme, le problème, c’était l’aspirateur. Elle ne pouvait pas faire le ménage avec cet objet, parce que le tuyau la terrifiait. Elle craignait que son mari revienne quand elle le faisait. En fin de compte, on a fini par comprendre qu’il l’étouffait régulièrement avec des câbles. »

Les pensionnaires doivent elles-mêmes contribuer au fonctionnement quotidien du refuge. « C’est comme une ergothérapie », explique la psychothérapeute, une réadaptation par le travail. « Elles nettoient, lavent, préparent le déjeuner, le petit-déjeuner des enfants. Il y a aussi une salle de jeux pour eux ». Les victimes sont intégrées à leur nouvel environnement et donnent un sens à leur présence par le biais de ces tâches. Il y a ensuite les soins physiques et psychologiques, qui varient en fonction de l’histoire spécifique de la personne et de l’ampleur des violences qu’elle a subies. « Certaines arrivent comme des mortes-vivantes. Elles ne voient plus aucun sens à rien. C’est un processus très difficile, long et exigeant. Ce que j’ai remarqué en général, c’est qu’elles manquent de confiance en elles, parce que les agresseurs sont d’excellents manipulateurs », raconte Tea Rebac. Les femmes se sentent généralement coupables et imaginent parfois qu’elles méritent leur sort.

« Je pense à une femme qui préparait de la viande. Les tranches étaient mal coupées. Son frère l’a battue très violemment, tout simplement parce que les tranches étaient mal coupées. Lorsque vous entendez constamment que vous n’êtes pas douée, alors vous pensez que vous êtes vraiment coupable et incapable. »

Les violences économiques ne sont pas nécessairement les plus traumatisantes pour les victimes, mais elles doivent pourtant faire face à leurs conséquences pour sortir du cercle de violences. « Avoir de l’argent », explique la sociologue Antonija Petričušić, « c’est l’une des premières choses pour recommencer sa vie dans un nouvel appartement, dans de nouvelles circonstances ». Les pensionnaires d’un refuge comme Žena BiH, financé en grande partie par les ONG internationales, bénéficient surtout de l’investissement précieux des travailleuses et travailleurs, comme il n’existe pas d’aides directes ou spécifiques pour les victimes de la part du gouvernement central, des deux entités fédérales ou des cantons. « Ce qui manque, ce sont les institutions, les capacités institutionnelles », résume Joško Mandić, conseiller du gouvernement à l’Agence pour l’égalité homme-femme. Elles souffrent d’un manque de ressources : « matérielles, financières ou même humaines ». Mais le plus important, selon lui, est un manque d’outils disciplinaires ou de sanctions. « Nous n’avons pas d’institution forte qui garantirait aussi la mise en œuvre de la loi, son application complète, efficacement et dans l’intérêt des citoyens ».

Tea Rebac estime que la responsabilité du sort des victimes de violences conjugales revient aux refuges. « Encore une fois, nous ne pouvons pas compter sur les institutions gouvernementales ni sur une aide extérieure. D’une manière ou d’une autre, nous résolvons le problème nous-mêmes en tant que rassemblements de femmes de Bosnie-Herzégovine », résume-t-elle.

Un tag d’un bâtiment de Mostar est recouvert d’un grillage. (Photo : Cloé Calame, photographie réalisée en surimpression)

Les stratégies de sortie : une étape délicate

Chaque histoire est différente, rappelle la psychothérapeute, mais de façon générale, les pensionnaires du refuge Žena BiH « sont peu instruites, à 99% au chômage, souvent accompagnées de leurs jeunes enfants ». Pour Tea Rebac et les autres travailleuses et travailleurs du refuge, les stratégies de sortie sont un enjeu important : si les victimes ne trouvent pas de logement, d’emploi ou de solution pour garder les enfants, elles n’ont pas d’autres choix que de retourner vivre avec leur agresseur. Ce phénomène de retour est courant. Il l’est d’autant plus quand les victimes sont déshonorées aux yeux des membres de leur famille, qui ne leur viennent souvent pas en aide. Le retour à l’emploi est alors primordial. Tea Rebac raconte que pour qu’une des pensionnaires s’en sorte, elle a dû personnellement l’accompagner pour chaque étape du processus. Elle lui a trouvé un appartement et le centre a pris en charge le loyer pendant les deux premiers mois. « En même temps nous lui avons trouvé un emploi et nous avons réussi à faire garder l’enfant gratuitement, non loin de l’appartement, pour qu’elle n’ait pas à conduire ». Cela fait maintenant deux ans que l’association Žena BiH réussit à obtenir des inscriptions gratuites en garderie, par l’intermédiaire du conseil municipal.

Parfois, les femmes s’en sortent justement grâce à l’aide de leur famille, malgré leur passé difficile et l’acharnement de leur ex-conjoint.

« Voilà un autre exemple de stratégie de sortie positive », commence Tea Rebac. « Cette femme est arrivée à l’âge de 36 ans. Elle est venue avec trois enfants. Avant qu’elle ne s’échappe de sa maison, son mari l’emmenait en voiture en dehors de Čapljina pour lui faire subir différentes tortures, jusqu’à ce qu’elle lui avoue son infidélité. Il la faisait courir nue sous la pluie. Bien sûr, dans ce genre de situation, les victimes admettent ce qu’on veut les faire admettre, qu’elles aient fait quelque chose ou non. Elle a été admise au refuge et un jour, nous avons reçu une lettre de la police et un appel du centre d’action sociale l’accusant d’avoir violé ses enfants. Son mari était à l’origine de ces accusations, qui ont entraîné une véritable bataille juridique. Après des mois et des mois de combat, nous avons finalement obtenu gain de cause, alors qu’elle s’effondrait mentalement. Cela a pris beaucoup de temps, mais nous avons réussi. Elle a obtenu la garde de ses enfants, nous avons entamé la procédure de divorce et sa famille nous a aidés à lui construire une maison. Elle a reçu des dons de notre part : une machine à laver, un poêle, des biens, de la nourriture… Mais notre action a surtout été importante du point de vue juridique. Au fil du temps, nous avons continué à la suivre. Elle a trouvé un travail, les enfants ont été scolarisés. Elle a eu la chance de pouvoir compter sur l’aide de sa famille. »

La persistance des violences économiques

Pour ces femmes, l’arrivée au refuge ne signifie pas la fin des ennuis. Lorsqu’elles subissent des violences fondées sur le genre, les pensionnaires peuvent être en proie à des phénomènes de revictimisation qui aggravent leur précarité : elles subissent de nouvelles violences ou discriminations. Le phénomène débute avant leur arrivée au refuge : si le mari est violent envers sa famille, ce sont les femmes et les enfants qui doivent quitter la maison. Un fonctionnement illogique, puisqu’il punit les victimes et non les agresseurs. Au sein de l’association Žena BiH, « c’est quelque chose dont on parle depuis des années lors de séminaires, de formations, pour faire en sorte que ce ne soit plus toujours la victime qui parte », explique Tea Rebac.

Les femmes victimes de violences conjugales font également l’objet de discriminations sexistes au travail. Concernant l’embauche en Bosnie-Herzégovine, indique Joško Mandić « les agences pour l’emploi proposent des programmes dans lesquels ils accordent des points supplémentaires aux patrons qui emploieraient des femmes victimes de violence ou différentes formations gratuites pour les femmes victimes de violence ». Néanmoins, selon un sondage gouvernemental de décembre 2022, 68,1% des employeurs du canton d’Herzégovine-Neretva ont affirmé qu’ils ne seraient pas favorables à l’embauche de femmes victimes de violences. D’après Tea Rebac, les victimes peuvent aussi subir des licenciements dans différents cas. Par exemple, si leur agresseur vient les harceler sur leur lieu de travail, certains employeurs préfèrent éviter que la violence des ex-compagnons ne perturbe l’environnement de travail.

« Il y a plusieurs années, Žena BiH a accueilli une femme indépendante financièrement. Elle avait un compte bancaire et un emploi, même s’il s’agissait d’un contrat à durée déterminée. Malheureusement, elle était enceinte et a subi un licenciement à cause de sa grossesse. Elle s’est retrouvée sans travail, mais elle ne devait surtout pas rentrer chez son mari, qui était très violent. Pour cette femme, le problème n’était pas lié à son manque d’éducation ou à son incapacité financière, mais à des circonstances externes, liées à sa situation, à son emploi ». Cette situation était d’autant plus compliquée qu’à Mostar, indique Tea Rebac, « il est difficile d’obtenir un emploi, y compris pour les femmes instruites ».

Le refuge doit créer tout un écosystème pour permettre aux victimes de s’en sortir. Aujourd’hui, il coopère avec des acteurs et institutions locales. « Nous avons une excellente relation avec les avocats » se félicite Tea Rebac, ce qui permet à Žena BiH de fournir une aide juridique gratuite aux pensionnaires. « C’est aussi le cas avec les écoles et certains médecins ou centres de santé », poursuit la psychothérapeute. Žena BiH a également initié une coopération avec une pharmacie, afin que les pensionnaires du refuge puissent obtenir des médicaments et des produits d’hygiène gratuits. « La discrétion est toujours respectée, ils connaissent la délicatesse de la situation ». Ceux qui contribuent à ce système d’aide restent eux aussi anonymes.

Un tag d’un bâtiment du centre culturel OKC Abrašević à Mostar est recouvert d’un grillage. (Photo : Cloé Calame, photographie réalisée en surimpression.)

Le politique face à l’intime

La libération de la parole est difficile en Bosnie-Herzégovine. Aucun témoignage direct n’a pu être entendu pour cet article. Néanmoins, une première vague de témoignages a eu lieu dans plusieurs pays des Balkans ces dernières années, notamment avec le groupe Facebook et le site internet Nisam tražila. Ces témoignages restent cependant orientés sur les violences physiques et sexuelles. Encore une fois, la violence économique reste cachée, intégrée comme une norme, à quelques exceptions près : pour le média diskriminacija.ba, la journaliste Masha Durkalić a recueilli en 2018 le témoignage d’une femme de Sarajevo, mariée dans les années 1970, qui subissait un contrôle financier total de la part de son mari.

Sur le plan politique aussi, il reste beaucoup à faire en Bosnie-Herzégovine. Pour Joško Mandić, l’éveil des consciences est un processus en cours. « Il y a de plus en plus de discussions et de débats publics à ce sujet. Je ne suis pas fan des sensibilisations et/ou activités similaires, mais il y a de plus en plus de gens conscients que l’inégalité économique et l’inégalité entre les sexes sont à l’origine de la violence ». Le conseiller du gouvernement pointe la problématique de l’héritage : « traditionnellement dans notre région, y compris en Bosnie-Herzégovine, ce sont principalement les hommes qui héritent des biens, des propriétés, ce qui débouche sur une situation où les hommes ont beaucoup plus de ressources que les femmes ». Selon lui, « à court terme, la seule chose que l’État, les politiques et les décideurs peuvent faire, c’est donner aux femmes les moyens de disposer directement de leurs propres ressources et de la liberté de les utiliser librement ».

Garantir la possibilité du choix au niveau juridique, bien que ce choix puisse ensuite être influencé à l’intérieur de la sphère familiale, « c’est le maximum que l’État puisse faire en ce qui concerne les relations familiales », poursuit-il, soulignant l’importance des transformations à long terme par l’éducation, qui permettrait aux femmes de devenir autonomes. La limite entre la sphère familiale et civique interroge. Pour Antonija Petričušić, « la violence est restée un sujet privé depuis trop longtemps. Il s’agissait d’un sujet familial toléré par la société, qui pensait que cela ne la concernait pas et qu’il n’en allait pas de sa responsabilité d’intervenir. Heureusement, la thématique de la violence économique devient l’objet d’un intérêt scientifique croissant ». Elle sourit un instant, avant d’insister : « la violence ne peut pas être une affaire privée », quand bien même elle concerne l’intime.