Le travail a commencé même avant notre arrivée à Mostar. Pendant cette période, j’ai vu la thématique que j’avais choisie au préalable évoluer, se détacher de l’idée originelle pour aboutir finalement à un sujet peu abordé par les médias des Balkans. Une thématique qui s’intéresse à l’enjeu principal de l’émancipation des femmes : l’autonomie financière.
Il nous fallait d’abord trouver des contacts, ce qui n’était pas toujours facile compte tenu du sujet sensible. Ce qui me semblait le plus stressant était la prise de contact avec les intervenants potentiels. Il fallait surmonter la peur des appels téléphoniques et l’anxiété qui me saisissait avant chaque appel. Heureusement, la thérapie par exposition prolongée a porté ses fruits !
À mon arrivée à Mostar, j’ai été fascinée par la richesse de la végétation dans la ville et par les paysages magnifiques qui l’entouraient. Nous avons passé les deux premiers jours à faire connaissance les uns avec les autres, tout en visitant la ville…
Le troisième jour, on s’est finalement lancé dans les reportages. Notre groupe a réussi à décrocher un entretien avec une travailleuse sociale basée à Mostar, une réussite importante après les nombreuses portes fermées qui nous faisaient paniquer. C’était la première fois que je faisais du vrai interprétariat, j’étais inquiète à l’idée de ne pas être à la hauteur, mais je n’étais pas seule – Izabela a su gérer la situation !
La charge mentale de cette première interview était considérable. Nous avons entendu des histoires parfois extrêmement violentes qui nous ont profondément bouleversées. Il nous a fallu quelque temps pour nous en remettre.
Les jours se suivaient à leur rythme : pendant la journée, on travaillait sur les projets, à 19h on se retrouvait au restaurant M&M pour le dîner, puis le soir on sortait dans la ville. D’un coup, je me suis retrouvée à Sarajevo en écoutant Igor se plaindre à l’idée de devoir redescendre à pied la montagne Trebević sous un soleil ardent, après avoir pourtant estimé que prendre le téléphérique par cette journée radieuse était une excellente idée… L’apothéose de notre séjour a sûrement été la dernière soirée à Kino Bosna. Pour la première fois, nos amis français ont connu l’atmosphère des kafanas et en ont pleinement profité tout en attirant l’attention de nombreuses personnes. On a célébré la fin du projet en se serrant dans les bras, pleins de nostalgie en écoutant la chanson Miljacka de Halid Bešlić.