L’atelier média s’est déroulé à Mostar du 20 au 29 avril. Nous formions une équipe avec Dana, de Belgrade, Jérémie, de Bretagne, et moi-même, de Banja Luka. Notre sujet consistait à montrer l’héritage culturel d’Aleksa Šantić, les différentes manières de considérer l’œuvre de ce grand poète et son importance pour les Mostariens, 100 ans après sa mort.
Avant de venir à Mostar, on a entamé un vaste travail préparatoire pour collecter des informations liées à notre sujet, analyser les œuvres d’Aleksa Šantić et chercher des traductions de ses poèmes. Les rencontres que nous avons organisées en ligne avant d’arriver nous ont été très utiles car nous avons ainsi pu établir un premier contact au sein du groupe, faire connaître à nos collègues français la situation actuelle de notre pays et de notre région, mais aussi définir le cadre de notre reportage. Le travail était exigeant et visait à présenter de manière plus transparente le personnage et l’œuvre du poète dans le contexte actuel.
Nous sommes arrivés à Mostar le soir du 19 avril et les trois premiers jours ont été consacrés à des activités de préparation, à des échanges interculturels, à faire connaissance entre les membres de l’atelier, connaître nos tâches et nos rôles, ainsi que déterminer ce que l’on attendait de cet atelier et de ces reportages afin de préparer le terrain.
Nous sommes allés sur le terrain pour la première fois le lundi 22 avril dans l’après-midi. Nous avons exploré les principaux lieux liés à la vie du poète et nous avons filmé les premières scènes autour de sa statue, sa tombe dans le cimetière orthodoxe, des peintures murales, des images du pont et de la vieille ville liés aux spécificités culturelles de Mostar : sa multi-ethnicité, sa culture et sa diversité religieuse. On a aussi filmé des séquences de Mostariens récitant des extraits de poèmes et expliquant l’importance d’Aleksa Šantić.
Les premières traces des conséquences de la guerre étaient visibles, sur le monument et la tombe de Šantić, ainsi que sur les tombes de sa sœur et d’autres membres importants de la nationalité serbe qui vivaient à Mostar. Pour Dana et moi, il était important de pouvoir expliquer la complexité de la situation à notre coéquipier de France pour réaliser ensemble le reportage.
Le travail sur le terrain a été semé d’embûches. Certains interlocuteurs qui avaient accepté l’interview n’étaient plus disponibles. Nous avons donc dû nous adapter, improviser et chercher d’autres experts compétents.
Le 23 avril, nous avons filmé de nouvelles séquences et mené deux entretiens, dont un avec Dijana Hadžizukić, docteure et professeure à la Faculté des sciences humaines de l’Université Džemal Bijedić à Mostar ; l’autre avec le poète et professeur Adnan Žetica. L’après-midi, nous commencions à retranscrire les entretiens pour gagner du temps.
Le lendemain, nous avons commencé le derushage et le montage. Il y a eu quelques malentendus entre les membres de l’équipe, que nous avons réussi à surmonter pour poursuivre notre travail commun. Dans l’après-midi, plusieurs autres scènes de la ville ont été tournées. Nous sommes retournés filmer des séquences supplémentaires, profitant d’une belle lumière. D’autres interviews étaient prévues, dont une avec la présidente de la société culturelle et éducative serbe Prosvjeta, la professeure de philosophie et journaliste Sanja Bjelica Šagovnović. On a aussi pu visiter la maison de Svetozar Ćorović, grâce à M. Ibrahim Dizdar du Musée d’Herzégovine, qui a expliqué des choses intéressantes sur la vie et l’œuvre d’Aleksa Šantić. Nous avons ensuite rencontré la personnalité la plus impressionnante de Mostar : un professeur à la retraite, Avdo, qui vend des herbes médicinales et de la rakija, capable de réciter par cœur des dizaines de vers de Šantić.
Les trois derniers jours ont été plus techniques. Il fallait transcrire, traduire et sélectionner les informations pour notre reportage qu’il a fallu monter. La version finale était prête le 28 avril au soir lorsque nous avons officiellement présenté notre travail au centre culturel OKC Abrašević. Le lendemain, nous sommes tous allés visiter Sarajevo, dernier jour de la rencontre.
L’ensemble de l’atelier a été très intéressant et utile dans des domaines différents. Les amitiés que nous avons nouées dureront. L’expérience unique de la découverte de Mostar et de Sarajevo nous a donné, à nous qui venons de Bosnie-Herzégovine, l’opportunité de mieux connaître la beauté de notre pays et de ses habitants. Les diverses connaissances que nous avons acquises grâce à ce projet nous aideront dans nos travaux ultérieurs, mais nous inciteront également à lancer nous-mêmes des projets similaires.
Nous sommes reconnaissants envers l’association Téméco qui a rendu ce projet possible, OKC Abrašević, le Centre Culturel Pavarotti, l’Institut français de Mostar, le Musée d’Herzégovine et envers nos interlocuteurs Dijana, Sanja, Adnan, Ibrahim et Avdo.