Il y a tellement de souvenirs qu’il est difficile de les exprimer par des mots, mais je vais essayer d’en transmettre au moins une partie. Dès le début, l’atelier a représenté un grand défi pour moi, car je n’avais encore jamais eu l’occasion de participer à ce type de projet. J’appréhendais tout en ayant hâte d’entreprendre de nouvelles choses. Je pensais qu’il allait être difficile de trouver des interlocuteurs, mais au fil du temps, notre motivation et notre persévérance ont fini par porter leurs fruits.
Le sujet de notre reportage était « l’exode des mains », ou plutôt de la main-d’œuvre qui quitte la Bosnie-Herzégovine. Comme souvent lors d’interactions, les émotions jouent un rôle important dans le processus de départ. Après la première interview, nous avons décidé de nous concentrer sur les sentiments que ressentent les jeunes qui partent. L’idée est venue de l’échange avec les deux premières interlocutrices qui nous ont fait prendre conscience de l’importance de ces émotions et de la difficulté qu’ont les jeunes Bosniens à les exprimer par des mots.
J’ai été très heureuse d’avoir fait ce reportage avec mes deux coéquipiers, car nous avons beaucoup appris les uns des autres et nous étions toujours motivés pour travailler. J’ai réalisé que le journalisme était un métier complexe et important car il nous permet en tant qu’individus de mieux se connaître, se découvrir et se construire. Avec l’aide de mon collègue Tomislav, j’ai appris à prendre des notes pendant les entretiens, ce qui m’a beaucoup aidée à interpréter.
Comme nous avons choisi la méthode de traduction consécutive, nous avons également inclus notre journaliste Yann, qui a participé à chaque conversation. Ce choix s’est avéré important car il a ainsi ressenti plus profondément la culture et la mentalité des personnes rencontrées. Nous avons interrogé des jeunes qui prévoient de partir, un sociologue, ainsi que des personnes qui vivent déjà à l’étranger.
Tous les participants du projet étaient motivés, toujours prêts à découvrir de nouvelles choses et rencontrer de nouvelles personnes. Cette énergie nous a suivis pendant tout le séjour. Nous étions très connectés les uns avec les autres et nous avons profité de chaque instant. La manière dont ce projet a été organisé m’a permis de voir la beauté de la combinaison de la curiosité, des sentiments humains et de la langue. J’ai ressenti l’esprit commun de l’ex-Yougoslavie et j’ai rencontré des personnes incroyables, avec lesquelles je garderai contact.
L’atelier m’a aussi ouvert de nouvelles portes dans le domaine professionnel. La médiation culturelle et le travail avec les autres sont deux aspects qui me plaisent énormément, et le contact avec toutes les personnes merveilleuses qui ont participé au projet a renforcé mon envie d’associer la culture des Balkans et la langue française, mes deux grandes passions.