J’ai proposé un sujet sur Aleksa Šantić car il m’a semblé important d’en parler pour deux raisons : 2024 marque le 100ème anniversaire de la mort de ce grand poète et artiste polyvalent, dont la vie et l’œuvre sont entièrement liées à la ville de Mostar. Ce qui m’a aussi semblé important est qu’à travers ses œuvres, Aleksa Šantić a transmis des messages de paix, de tolérance, d’amour pour son pays mais aussi pour tous les peuples. Ce sont des valeurs dont on a particulièrement besoin en ce moment et c’est ce qui explique pourquoi les mots du poète résonnent encore aujourd’hui.
La figure de Šantić a longtemps alimenté les débats. C’est pourquoi, en plus de présenter son personnage et son œuvre, nous avons essayé de découvrir si et dans quelle mesure son œuvre attisait la polémique ou était récupérée à des fins politiques.
Pour évoquer le centenaire de sa mort, nous avons interviewé Sanja Bjelica Šagovnović, présidente de l’association SPKD « Prosvjeta », à côté de la tombe d’Aleksa Šantić. Là, notre interlocutrice nous a expliqué comment se sont déroulées ses funérailles, mais elle nous a également montré comment sa figure était toujours visible à Mostar.
Pour confirmer cela, nous avons demandé aux habitants de Mostar ce qu’ils pensaient du grand poète et quelle importance celui-ci avait pour eux personnellement et pour leur ville. Nous leur avons également demandé de réciter quelques strophes des poèmes les plus célèbres de Šantić, ce qu’ils ont fait avec plaisir. À cause du format court, nous n’avons pas pu mettre tous les extraits dans le reportage.
Nous avons également discuté avec la professeure Dijana Hadžizukic, autrice d’un livre sur l’œuvre de Šantić, ce qui fait d’elle une véritable connaisseuse de son opus. Elle nous a donné des informations précieuses sur sa biographie, les principaux motifs de ses textes et les sources d’inspiration du poète à Mostar. L’entretien avec elle est le plus long qu’on ait réalisé. Il a duré une heure, dont nous n’avons malheureusement pu retenir que quelques phrases en raison des limites du format.
Notre dernier interlocuteur a été Adnan Žetica, poète de Mostar et ancien membre du jury du Festival des enfants poètes de Šantić. À l’Institut français, il nous a parlé de la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les poètes de Mostar, comment la ville est devenue un centre culturel depuis l’époque de Šantić, et ce que son héritage représente pour les poètes mostariens d’aujourd’hui. Il nous a également parlé du Festival, de la manière dont il rassemble des enfants de toute l’ex-Yougoslavie et les unit à travers la poésie.
Au final, cet atelier a dépassé toutes mes attentes. Tant professionnellement que personnellement. J’ai été surprise par l’ampleur et les exigences du métier de journaliste, la quantité et la variété des tâches que les journalistes doivent accomplir même en préparant des reportages courts qui ne durent que quelques minutes. Ce que j’ai appris et qui me semble important, c’est l’art de trier l’important de l’insignifiant. En raison de l’abondance du matériel, les journalistes sont obligés de résumer beaucoup de choses et de n’en présenter que l’essentiel, c’est-à-dire de ne garder que les informations utiles pour le sujet donné. Ce tri est aussi valable dans la vie.
Une autre nouvelle expérience pour moi a été d’essayer de traduire de la poésie, ce qui m’a particulièrement plu. Nous avons traduit une strophe des deux poèmes les plus célèbres d’Aleksa Šantić : « Restez ici » et « Emina ». Nous avons essayé de respecter la rime autant que possible, et dans « Emina », nous avons réussi à conserver à la fois la rime et le rythme, ce qui m’a rendu particulièrement heureuse.