Notre travail a commencé bien avant notre arrivée à Mostar et j’avais l’impression d’arriver sur un terrain familier : nous avions déjà discuté avec des interlocuteurs potentiels, échangé des idées et découvert les endroits pertinents pour notre sujet. Mais en arrivant, je me suis rendu compte que la ville, à chaque coin de rue, racontait tellement de choses par elle-même, et même si cela pouvait être intense, nous avons rapidement rencontré des Mostariens et compris que chacune de leur journée était rempli d’histoire(s).
C’est cette empreinte de l’histoire et des histoires que nous avons choisi de suivre avec mon équipe. Nous voulions explorer l’engagement des artistes de Mostar dans des parties de la ville revêtant une importance historique ou symbolique particulière. Nous nous sommes immédiatement mis au travail et avec nos deux artistes, nous sommes allés directement au cœur de la ville et de la division, sur la place d’Espagne et devant la bibliothèque détruite. L’enthousiasme des participants, ainsi que l’esprit d’équipe qui nous unissait mes collègues et moi, ont rendu beaucoup plus facile ce travail exigeant beaucoup de confiance, de compréhension et d’empathie sur des sujets parfois délicats.
Nous avons ainsi rapidement bâti des liens forts, empreints d’amitié et d’énergie positive, à la fois entre nous et avec nos interlocuteurs. La confiance accordée par les Mostariens que nous avons rencontrés au cours du projet, pendant ces dix jours, m’a donné la sensation de vivre depuis longtemps dans cette ville et de connaître ses habitants. Mostar n’est pas grande, et il m’est vraiment arrivé de croiser des personnes et de les saluer comme si nous nous connaissions depuis longtemps.
Si nous ajoutons à cela le fait que les organisateurs et les coordinateurs du projet ont pensé à tout, et que les participants étaient tous des gens tournés vers l’avenir, refusant de subir les préjugés et adoptant une approche résolument ouverte, nous obtenons un projet mémorable et exemplaire. Les détails sont nombreux : de l’attention particulière portée à la situation linguistique, à l’histoire, à la culture, aux coutumes et à la gastronomie de Bosnie-Herzégovine, en passant par la transmission de compétences concrètes, qu’elles soient journalistiques, de traduction ou organisationnelles, jusqu’à l’esprit de communauté qui nous a tous envahis et dont nous avons eu du mal à nous défaire le dernier jour que nous avons passé à Sarajevo. Un grand merci pour cette expérience unique et inoubliable.