Alix Edwiges : « J’ai eu beaucoup de mal à quitter la Bosnie-Herzégovine »

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Avant de partir pour Mostar, une chose unissait les membres de notre groupe : notre intérêt commun pour l’art, pour son pouvoir de témoigner d’une situation et d’une époque, de créer une réflexion, de questionner le passé pour mieux construire le futur. Nous avons donc choisi de rencontrer des artistes qui travaillent à investir l’espace urbain de cette ville toujours marquée par la guerre de Bosnie-Herzégovine. 

Artistes et membres de structures culturelles nous ont beaucoup aidés dans nos recherches, dans le prêt d’espaces pour travailler et réaliser nos interviews. Nous avons tissé un lien avec elles.eux, passant certaines soirées ensemble et mettant ainsi réellement un pied dans une partie de la communauté artistique de Mostar. Le centre Abrašević, lieu important de la vie culturelle alternative de la ville, a été comme notre deuxième maison. Notre équipe y a été accueillie chaque jour, et même si le serveur du lieu pouvait difficilement supporter notre présence constante, je soupçonne néanmoins un brin d’attachement mutuel. 

J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec Marijana et Igor. Nous partagions la même vision de ce projet, nous avons réussi à nous écouter, à faire naturellement en sorte que chacun trouve sa place et son rôle. Nous avons beaucoup ri, fait beaucoup de petites pauses et la réalisation de notre reportage s’est déroulée sans accroc et toujours dans la bonne humeur. 

N’ayant pas eu de formation de JRI, j’étais assez stressée par l’aspect technique de la caméra, mais les organisateurs.ices et autres journalistes français.es ont toujours pris le temps de m’aider. J’ai aussi réalisé qu’instaurer un cadre de travail sain et bâtir une relation d’amitié entre nous et avec les personnes que nous avons interviewées n’était pas forcément la recette d’un reportage techniquement parfait, mais d’un reportage dont nous sommes tous les trois fiers parce qu’il a quelque chose de personnel, d’unique, de vivant.

Tout le projet était organisé avec beaucoup d’intelligence et de bienveillance, dans un environnement libre et informel dans lequel je me suis sentie très à l’aise. Je suis tellement heureuse et reconnaissante d’avoir pu vivre une expérience comme celle-ci, j’ai eu beaucoup de mal à quitter la Bosnie-Herzégovine et beaucoup de mal à quitter toutes les personnes qui ont contribué à rendre cette expérience unique.