À Banja Luka, on aperçoit une foule de moineaux, des pigeons, les imposantes corneilles mantelées grises et noires et même quelques hérons. Mais l’oiseau que l’on aura le plus rencontré reste le vautour. Pas dans le ciel à tournoyer à la recherche de son prochain repas, non, mais sur les murs. Les vultures, supporters du Borac, le club de la ville, en ont décoré la cité. On a d’ailleurs eu l’occasion de les croiser, un jour de match, tout en chants, pétards et fumigènes en direction du stade. Fresques, graffs, tags et autocollants aux couleurs du club se trouvent à tous les coins de rue. Certains imposants ensembles sont peints sur chaque bâtiment.
Arriver dans une ville inconnue, c’est pénétrer dans l’espace d’expression toujours révélateur, qu’il soit fourni ou réduit, de ses murs. En arpentant Banja Luka, l’omniprésence du rapace auréolé de rouge, bleu et blanc saute aux yeux. On comprend petit à petit les références qui y sont liées, comme le 1987 qui marque la création du plus ancien club de supporters. On se demande si la croix celtique qui y est souvent associée a la même connotation d’extrême droite qu’en France. Par moments, le doute n’est guère permis, comme lorsque non loin de notre auberge elle est accompagnée de la rune d’odin prisée des néonazis et d’un « white power » – des symboles tout de même barrés par d’autres peintres urbains. Mais ailleurs, il semble plus compliqué de toujours l’y classer, tant elle semble intégrée à l’imaginaire visuel des supporters, comme un certain blason serbe. Et puis, sous un escalier de cette ville si vivement décorée, cette fresque punk surmontée d’un A cerclé.