Je suis arrivée à Banja Luka avec un peu d’appréhension. Bien qu’excitée par un projet qui m’a séduite dès le départ, l’aspect humain de l’expérience me préoccupait. Travailler en binôme avec quelqu’un dont on ne parle pas la langue peut s’avérer frustrant et compliqué, d’autant plus si les membres du binôme n’ont pas d’atome crochu. Heureusement, j’ai immédiatement compris que la collaboration avec Nina serait fructueuse.
À part en anglais, je n’avais jamais eu l’occasion de travailler à l’étranger, de mener des interviews dans une langue qui m’est complètement inconnue. C’est sûrement le point qui a été le plus intéressant au cours de cette semaine : lâcher prise et faire une confiance aveugle à Nina, qui menait presque seule ces interviews.
J’ai dû prendre sur moi-même pour ne pas la couper à chaque réponse et lui demander de me traduire en détail les réponses des interlocuteurs. Mais chaque nouvelle rencontre avec les protagonistes me confortait dans l’idée que Nina savait où nous allions, qu’elle savait rebondir sur les bons propos, tirer les bonnes ficelles pour obtenir des informations pertinentes. Même lors de nos interviews en anglais, nous avons toutes les deux posé autant de questions.
Nous n’aurions rien fait l’une sans l’autre : on a mené un travail de journaliste ensemble, sur un pied d’égalité. Cela a peut être été rendu possible par le fait que nous partagions la même vision du féminisme, et il aurait été impossible pour elle de s’effacer complètement derrière le seul rôle – bien qu’essentiel – d’interprète.
Je suis satisfaite car je pense avoir réussi à ne pas aborder le sujet avec des préjugés et une vision occidentale de la question, et cela notamment grâce aux discussions que j’ai pu avoir avec Nina, et les autres Bosniens du programme.
J’ai rencontré des personnes formidables, appris beaucoup sur l’histoire et la culture bosnienne, et je repars avec de nouveaux projets en tête. Merci pour cette semaine riche en rencontres, en émotions, en découvertes, et en Rakija évidemment !